Cette log est en deux parties: présentation de " l'Abominable "
puis détail de l'utilisation des machines Apple II.
Version du 24/07/2004 corrigée par Nicolas.
1) Le laboratoire "
L'Abominable
"
L'Abominable (association type loi 1901) est un atelier collectif de
création cinématographique situé dans les
Hauts-de-Seine (92) à Asnières-Sur-Seine.
Comme la plupart des labos artisanaux, l'Abo ne fait pas de
développement commercial mais permet aux cinéastes de
développer eux-mêmes leurs films.
Il est né en septembre 1996 sur les traces de l'association
grenobloise MTK (Metamkine), 1er atelier
cinématographique artisanal français (1992) ouvert au
public depuis 1995. (C'est à l'initiative du
groupe Métamkine qu'est né le réseau des labos
artisanaux en Europe francophone).
L'Abominable compte parmi les 6/7 labos gérés par des
cinéastes les plus
complets en Europe:
Atelier MTK (atelier artisanal) -
Grenoble, France.
Ad Libitum (labo atisanal et restauration)
- Cras (38), France.
Sector 16 (labo artisanal) - Hanovre,
Allemagne.
Zebra Lab (labo artisanal) -
Genève, Suisse.
Super 8 Lab (ancien labo artisanal Studio
Een) - La Hague, Pays
Bas.
No.w.here - (laboratoire artisanal) -
Londres, Grande Bretagne -
le dernier né.
Il met à disposition d'artistes les outils qui permettent
à la fois de développer la pellicule, de la travailler,
de la monter et d'en tirer des copies.
Les machines ont été achetées pour une
bouchée de pain (par exemple la grosse tireuse de la chambre
noire a
été sauvée d'une benne pour la modique somme de
200F) après l'arrivée sur le marché des
technologies numériques dans les années 90. Des dons ont
aussi permis d'étoffer la liste du matériel même si
certains appareils ont été achetés directement par
les membres fondateurs.
L'Abo s'étend sur une superficie de 100 m2 composée de
quatre pièces en sous-sol:
Une salle de montage (avec la tireuse optique
« Truca » reliée à un Apple II
-description dans la 2nde partie- + table lumineuse et divers autres
équipements).
Une autre salle de montage (avec la
table de montage permettant de visionner une bande image et plusieurs
bandes son, et de faire la synchro son/image via un mac). Compte tenu
du temps passé sur la table, un canapé n'est pas loin
pour souffler un peu!! Il avait servi quand nous y sommes allés
avec Mathilde car 2 cinéastes grenoblois venaient de faire
pêter le bouchon de champ' pour fêter la fin de leur
film... et le
financement acquis du prochain.
Une chambre noire de développement avec manipulations
chimiques.
Cette salle contient aussi une grosse tireuse (pour la copie du film
avec réglage de la luminosité et des couleurs).
Une salle de projection privée (contenant aussi un banc
titre et
d'autres appareils).
Techniquement, l'atelier permet le développement du super-8 et
du 16mm, le tirage optique, le tirage contact, le montage et les
différents travaux de report son. Il est aussi doté de
projecteurs et de deux équipements
de tournage cinéma et vidéo.
La plupart des films passant par L'Abominable ressortent du champ de
l'expérimental (l'outil n'est pas très adapté
à des films en son synchrone et/ou avec un métrage
important).
En 2003, 1,2 km de super 8 et 3 km de 16 mm ont été
développés à L'Abominable.
Le labo fait partie d'un réseau informel de structures
(ateliers collectifs de production, coopératives de
distribution, diffuseurs associatifs) recensés sur
l'encyclopédique cineastes.net.
L'Abo appartient au réseau dit "Ébouillanté" qui
regroupe plusieurs labos artisanaux du nom d'un petit journal
édité à l'époque de la formation de ces
structures.
La diffusion des films réalisés à l'Abominable a
permis au labo de se faire connaître.
Cette notoriété a fini par atteindre le CNC (Centre
National de la Cinématographie) qui pour la 1ère fois
cette année (2004) lui a octroyé une subvention.
La plupart des films qui y ont été réalisés
sont distribués soit par le Collectif Jeune Cinéma, soit
par Light Cone.
Films primés réalisés avec le concours de
l'Abominable:
« Charlemagne 2 : Piltzer » par Pip
Chodorov (prix de la presse Paris Tout Court 2002, Prix
international
Film-Vidéo Viper 2002).
« Quelques instants de la vie d'un
papillon » par Baharé
Khadjé-Nouri (prix du
meilleur cours
métrage d'Education 2002 Cinémathèque Scolaire
R.-Lynen).
« Limbes Tropicales » par Dominik
Lange
(prix de
la Presse Paris Tout Court 2002).
« Les soviets plus
l'électricité »
par Nicolas Rey (prix FIPRESCI du Forum du Jeune
Cinéma de
Berlin 2002).
En 1996 Nicolas Rey a remis en route et
programmé son vieil
Apple //c (qu'il possèdait de longue date) pour
piloter une tireuse optique perfectionnée appelée
« Truca ».
Cette machine est utilisée en post-production, c'est à
dire lors de la phase du montage.
Elle permet la duplication partielle d'une bande sur une autre tout en
y ajoutant des effets spéciaux : Fondu enchaîné -
Arrêt sur l'image -
Accélération (surimpression d'images) et ralentissement
(répétition d'images) - Inversion de sens -
Agrandissement (rectification d'une erreur de cadrage) - Surimpression
- Image composite obtenue
avec cache/contrecache - Juxtaposition d'images (multi-images ou
split-screen).
L'appareil se compose de 3 éléments:
Au centre : une tireuse optique qui va faire défiler un
film
photogramme par photogramme, un photogramme étant une image
photographique.
Sur la droite : une source lumineuse (projecteur)
éclairant le
photogramme en cours de la tireuse.
Sur la gauche : une caméra qui va enregistrer les
photogrammes
choisis les uns après les autres et donc reconstituer un film
selon l'envie du cinéaste.
Aujourd'hui le //c a été remplacé par un Apple IIe
65c02.
Le IIe contient une carte d'interface parallèle qui est
reliée à un boîtier externe créé de
toutes pièces par un ami de Nicolas ayant
des compétences
en électronique.
Le tout est piloté par un programme en BASIC écrit par
Nicolas.
Le programme permet (en sélectionnant des options de
différents menus) d'appuyer automatiquement (via le boitier) sur
les boutons de
la tireuse optique de manière cadencée en fonction du
type de tirage et notamment de gérer les marches arrière
projecteur et caméra, ce que ne faisait pas le premier
système conçu autour des ports série du //c.
Ce processus est beaucoup plus sophistiqué que les petits
boitiers commercialisés par le
fabricant de ces machines : http://www.jkcamera.com/optical_printer.htm
qui n'ont q'un petit écran LCD avec un clavier
composé de touches à membranes sensitives (le genre qui
ne
réagit qu'à sa guise, c'est à dire en ne
sortant rien ou en sortant x caractères d'un coup quand on
appuie plus fort...)
Bref, cette interface avec un bon vieil Apple II est très
appréciée.
Elle l'est d'ailleurs à ce point que Nicolas
a installé
ce système à quelques copains (dont le dernier dans un
labo artisanal à Londres).
Aujourd'hui Nicolas est en train de mettre en
route une autre
interface sur un banc titre avec un IIgs récupéré
entre temps. (Un banc titre est un tireuse plus sophistiquée
permettant de voir l'image projetée, de zoomer, ...)